Le désherbage mécanique gagne du terrain sur nos vergers



Une cinquantaine d'agriculteurs a répondu présent à l'invitation du SMAGGA, de l'ARDAB et de la Chambre d'Agriculture du Rhône.
Une cinquantaine d'agriculteurs a répondu présent à l'invitation du SMAGGA, de l'ARDAB et de la Chambre d'Agriculture du Rhône.
"Les produits phytosanitaires appartiennent plus au passé qu'à l'avenir". C'est avec ces mots que Cédric Chevalier, conseiller spécialisé en arboriculture à la Chambre d'agriculture du Rhône a accueilli plus d'une cinquantaine d'agriculteurs, lundi 7 mars 2016, lors d'une journée de démonstration de matériel mécanique pour le travail du sol en verger.

ATTEINDRE LE BON ETAT QUALITATIF DES MILIEUX AQUATIQUES

Organisée par le SMAGGA en partenariat avec la Chambre d'agriculture du Rhône et l'ARDAB (association des producteurs biologiques du Rhône et de la Loire), cette après-midi technique avait pour objectif de présenter du matériel de désherbage mécanique, en alternative à l'usage des herbicides. Rappelons que les molécules des pesticides altèrent la qualité des eaux des rivières du bassin versant et ne permettent pas d'atteindre actuellement l'objectif de bon état qualitatif des milieux aquatiques exigé par l'Etat à échéance 2021.

PAS DE PITIE POUR LES TOUFFES D'HERBE

Les démonstrations des 4 constructeurs présents se sont succédées dans les vergers de Jean-Paul Dandel, arboriculteur à Chaponost. Attelés à l'avant ou à l'arrière des tracteurs, les mouvements des machines s'effectuent à l'aide d'une assistance hydraulique, un palpeur permet de détecter la présence du pied de l'arbre et commande le retrait de l'outil, évitant ainsi toute dégradation du tronc du fruitier. En revanche, pas de pitié pour les touffes d'herbe présentes dans le rang, efficacement déracinées ou lacérées en un seul passage par l'action des brosses et autres disques de tonte. "Désherber les vergers est indispensable", explique Cédric Chevalier, "l'herbe concurrence l'arbre en le privant d'une partie de l'eau et des minéraux disponibles dans le sol", poursuit-il.

UN TEMPS D'ADAPTATION NECESSAIRE

Le témoignage de Jean-Paul Dandel, propriétaire d'une partie de ce type de matériel, a retenu l'attention des participants. " Cela fait désormais 8 ans que je suis passé au désherbage mécanique sur mon exploitation. Cela ne s'est pas fait sans difficulté. Il a fallu remplacer l'arrosage au sol par un système pendulaire pour ne pas tout arracher. Il a fallu également être vigilant sur le système racinaire des arbres fruitiers. Lorsqu'il n'a jamais été travaillé mécaniquement, celui-ci a tendance à s'étendre. Le passage d'un disque peut alors faire des dégâts, il faut y aller progressivement. La succession des passages oriente naturellement les racines en profondeur ", explique l'arboriculteur.

ANTICIPER LA REGLEMENTATION ET ECOUTER LA CLIENTELE

Pour Jean-Paul Dandel, le passage au désherbage mécanique s'est fait par anticipation sur la réglementation de l'usage des pesticides qui ne cesse de se durcir. La demande est également venue de ses clients. Profitant d'un système de vente directe, les discussions sur le danger sanitaire des pesticides revenaient régulièrement. Il a fallu alors changer de méthode de travail pour garder une partie de la clientèle.

"Travailler avec ce type d'outillage nécessite au moins 8 passages par an. Il ne faut pas se laisser déborder. Il faut agir avant que l'herbe prenne racine", insiste Cédric Chevalier. "Je n'ai pas noté de différences de rendement dans mes vergers entre le chimique et le mécanique. Mais le sol est plus agréable à travailler, moins dur, plus aéré, moins boueux", précise Jean-Paul Dandel.

DES AIDES DE FINANCEMENT POUR L'ACHAT DE MATERIEL

Ce temps d'échange fut également l’occasion de rappeler l'existence de financements européens pour l’achat de ces outils et l'accompagnement par le SMAGGA des arboriculteurs souhaitant monter un dossier. "Dans le cadre du Programme Agro-Environnementale et Climatique du Garon les exploitants ont la possibilité de souscrire une Mesure Agro-Environnementale et Climatique (MAEC) sur la mise en place du désherbage mécanique sur leurs parcelles. Cette aide financière d’une durée de 5 ans permet d’accompagner l’exploitant à mettre en œuvre cette nouvelle méthode de travail", précise Frédéric Augier, animateur qualité de l’eau au SMAGGA.

Jean-Paul Dandel explique les vertus du désherbage mécanique.
Jean-Paul Dandel explique les vertus du désherbage mécanique.

Pour fonctionner, les disques de tonte utilisent la puissance du circuit hydraulique du tracteur.
Pour fonctionner, les disques de tonte utilisent la puissance du circuit hydraulique du tracteur.

Un palpeur permet de détecter la présence du pied de l'arbre et commande le retrait de l'outil.
Un palpeur permet de détecter la présence du pied de l'arbre et commande le retrait de l'outil.

Placé à l'avant du tracteur, le porte outil permet une plus grande maniabilité.
Placé à l'avant du tracteur, le porte outil permet une plus grande maniabilité.

Les brosses métalliques permettent la lacération de l'herbe ou son arrachement.
Les brosses métalliques permettent la lacération de l'herbe ou son arrachement.

Evénement organisé avec le soutien de l'Agence de l’Eau Rhône-Méditerranée-Corse et la Région Auvergne-Rhône-Alpes.

Lundi 14 Mars 2016